La ville sans voiture n’est plus une utopie. Pendant des décennies, la mobilité urbaine et la planification des infrastructures ont suivi une approche centrée sur l’utilisation des véhicules motorisés. L’espace urbain était dédié aux automobilistes dans le but de leur permettre de se déplacer aussi facilement et librement que possible.
En 2019, les pays de l’Union européenne comptaient en moyenne 569 voitures particulières pour 1 000 habitants. Les villes sont engorgées par les voitures, avec les conséquences que l’on connaît : trafic automobile massif, embouteillages, bruit et pollution atmosphérique. Certaines villes envisagent désormais d’interdire les voitures – du moins partiellement dans les centres-villes.
A quoi pourrait ressembler une ville sans voiture ?
La pandémie du COVID-19 a conduit les villes à repenser le paysage urbain. Les places de stationnement et certaines rues ont été transformées en terrasses de cafés et de nombreuses pistes cyclables ont été créées afin de renforcer la mobilité à vélo. Grâce à ces mesures, les métropoles ont considérablement amélioré la qualité de l’air, la qualité de vie des piétons, des usagers et des habitants.
Les villes du monde entier adoptent désormais une approche de l’urbanisme davantage axée sur les citoyens. Par exemple, la ville de Milan a approuvé un plan de 200 millions de livres sterling visant à créer un nouveau réseau de pistes cyclables reliant la ville et ses périphéries.
Les plans de mobilité urbaine durable sont également en plein essor. Un nombre croissant de villes s’appuient sur cette approche intégrée pour façonner des écosystèmes de mobilité durable tournés vers l’avenir.
Préoccupées par les effets du changement climatique, certaines grandes villes prennent des mesures encore plus radicales : Devenir une ville sans voiture.
Voici l’exemple de trois villes européennes qui ont testé et mis en œuvre l’approche d’une ville sans voiture.
Les quartiers sans voiture de Barcelone : Les Superblocks
Depuis quelques années, la plus grande ville de la Catalogne est devenue très progressiste lorsqu’il s’agit de créer un environnement urbain plus durable. Barcelone dispose d’un plan de mobilité urbaine très complet visant à promouvoir des options de mobilité durables, sûres et saines. Les « superblocks » sont au cœur de cette transformation urbaine.
Que sont les superblocks ?
Les Superblocks sont des quartiers constitués de neuf blocs où la circulation est limitée. Les bus, les camions et autres véhicules motorisés n’y sont pas autorisés. Seuls les résidents et les véhicules de livraison sont autorisés à y circuler avec une vitesse limitée à 10 km/h.
Le stationnement n’est possible que dans les parkings souterrains ou à l’extérieur des superblocks. Les rues à l’intérieur de ces quartiers sont exclusivement ouvertes aux piétons, aux cyclistes et aux usagers des micromobilités. Elles sont conçues pour créer davantage d’espaces ouverts où les citoyens peuvent se rencontrer et discuter, pour y implanter des marchés, des aires de jeux, des cafés ou des événements publics.
Il existe déjà cinq superblocks à Barcelone, et d’autres sont prévus. Les progrès réalisés peuvent être suivis sur une carte de la transformation urbaine.
Des zones sans voitures à Paris
Rendre Paris aux Parisiens : tel est le projet de la maire Anne Hidalgo. Son ambition est de transformer la capitale française en une ville durable où tout ce dont les habitants ont besoin se trouve à 15 minutes à pied ou à vélo.
L’administration de la mairie de Paris a déjà mis en place de nombreuses mesures allant dans le sens d’une ville sans voiture : Une grande partie des berges de la Seine ont été piétonnisées avec succès ; le réseau de pistes cyclables de la ville a été largement étendu. De nouveaux espaces verts et trottoirs ont été créés dans des zones auparavant réservées à la circulation et au stationnement.
De plus, le premier dimanche de chaque mois, le centre de la capitale est dédié aux piétons et aux circulations douces. L’occasion pour les résidents de profiter du nouveau quartier Paris Respire, sur un grand périmètre central, à pied, à vélo, ou en trottinette.
En août 2021, la capitale française a introduit une limitation de vitesse à 30 km/h dans la plupart des quartiers du centre-ville, afin d’améliorer la qualité de l’air et la sécurité routière.
Récemment, Paris a également envisagé l’introduction d’une zone sans voiture ou à faibles émissions. D’ici début de l’année 2024, les autorités parisiennes prévoient d’interdire les véhicules privés dans le cœur historique de la ville afin de réduire la pollution et le bruit. La nouvelle zone n’interdirait pas totalement les voitures. L’accès motorisé serait toujours possible pour les résidents et les personnes handicapées, ainsi que pour les véhicules de transport en commun, les livraisons et les services.
Le centre-ville de Berlin sans voitures
À Berlin, une initiative citoyenne demande l’interdiction des voitures dans la zone située à l’intérieur de la Ringbahn, la ceinture périphérique ferroviaire formant une boucle de 36,9 km autour du centre-ville de Berlin. Cette initiative permettrait de créer la plus grande zone urbaine sans voiture au monde.
Un groupe de campagne appelé « Berlin autofrei » (Berlin sans voitures) vise à limiter les déplacements dans les rues de cette zone réservée à la marche à pied, aux vélos et aux transports publics.
Comme dans d’autres villes, la vision d’une « ville sans voiture » ne signifie pas littéralement qu’aucune voiture ne pourrait entrer dans la zone. Des permis spéciaux seraient accordés aux camions de collecte, aux taxis, aux véhicules commerciaux et de livraison, ainsi qu’aux résidents qui dépendent des voitures.
Le Sénat de Berlin, l’organe directeur de la ville, étudie actuellement cette idée.
Réaménager les espaces urbains
Les villes et quartiers évoluent. Les administrations sont de plus en plus nombreuses à vouloir offrir aux habitants des environnements vivables, verts et attrayants.
L’une des questions importantes est de savoir comment rediriger le flux routier et réaménager les espaces urbains.
Les planificateurs doivent donc examiner de près les mesures potentiellement réalisables pour créer des villes sans voitures. Par exemple, comment le trafic se déplace-t-il lorsque certains quartiers sont fermés aux voitures ? Le système de transport public offre-t-il une bonne connectivité et dispose-t-il d’une capacité suffisante ? Comment connecter efficacement les différents modes et services de transport pour créer un écosystème de mobilité durable ?
Pour conduire ce changement de mobilité, les données et les modèles de simulation sont des outils essentiels.